Domaine les Dryades, Rivaz (VD)

Passionné d’agroécologie, André Bélard a fondé le Domaine les Dryades, à Lavaux, en 2023. Dans ses vignes en location, les ceps côtoient tout un écosystème. Et dans les verres, le vin très identitaire raconte une histoire pleine d’avenir.

Entre les rangs, un tapis végétal soutient agréablement nos pas. On a envie de marcher sur la pointe des pieds pour éviter d’écraser les champignons, les herbes aromatiques et les nombreux insectes qui y ont élu domicile. Nous sommes entourés de ceps aux sarments d’une longueur inédite. Plus nous nous éloignons du chemin et plus nous croisons de variétés végétales. D’abord des herbes aromatiques comme de la mélisse, puis des arbres fruitiers (pêches, mirabelles, figues, etc.). Une petite surface expérimentale contient même des tournesols ou carrément des tomates! Ce jardin d’éden dépayse totalement ses visiteurs. S’ils ne profitaient pas d’une vue imprenable sur le Léman, ils en oublieraient qu’ils se trouvent en fait à Lavaux.

Ces parcelles d’un nouveau genre sont l’oeuvre d’André Bélard, un disciple du Professeur Tournesol – c’est le cas de le dire – passionné d’agroécologie, qui fonde toutes ses expérimentations sur des études épluchées avidement. Il tombe dans la marmite de l’agroécologie en 2021: «un millésime extrêmement compliqué. Je m’occupais de cinq hectares de vigne, dont deux en culture biologique. Après chacun des nombreux jours de pluie, il fallait sortir pour traiter et ça représentait à chaque fois quinze kilomètres à parcourir à pied. Je me suis dit que c’était une voie sans issue. Il devait bien y avoir d’autres moyens de protéger les plantes.» Et quel est le lien entre l’incroyable biodiversité de ses vignes et la protection des ceps? «Un sol plus fertile amène plus de nutriments à la plante. Elle se nourrit, se renforce, gagne en résistance. L’apport de matière organique que j’encourage en plantant d’autres variétés et en ajoutant du BRF (bois raméal fragmenté) peut aussi stocker l’eau et a ainsi sauvé la vigne des sécheresses de 2022 et 2023.» Depuis son premier millésime 2023, le Domaine les Dryades est en reconversion biologique, mais pas en biodynamie. «Énormément de choses se regroupent entre l’agroécologie et la biodynamie. Mais j’ai de la peine avec certains principes. Je n’aime pas qu’on me dise quoi faire, j’ai besoin qu’on m’explique pourquoi il faut le faire.»

André Bélard naît et grandit en Allemagne, pays d’origine de sa maman. Sa famille paternelle française lui transmet le goût de la gastronomie et du vin. En 2003, il décide de faire les vendanges à Bordeaux. Il prolonge son séjour de trois ans, le temps d’obtenir son BTS en viticulture et oenologie. Il déménage en Suisse, intéressé par la bonne réputation de l’école de Changins. Diplômé en 2009, il reste chez nous. En 2018, il rencontre le vigneron Pierre-Luc Leyvraz et travaille avec lui jusqu’à ce qu’il fonde le Domaine les Dryades, en 2023. «Dans la mythologie grecque, les Dryades représentent les esprits qui protègent les arbres.»