Domaine Divernois, Cornaux (NE)

L’esprit de famille

Texte: Anick Goumaz, Photo: Tomm Gadient

Quentin Divernois travaille en famille «élargie». Même les voisins donnent volontiers des coups de main. Les clients aussi font partie de la famille. Des valeurs présentes dans des vins qu’on aimerait partager «en mode tavolata» dans les jolies vignes de Cornaux.

À Cornaux, il n’y a qu’un vigneronencaveur: le Domaine Divernois, créé en 1978. Si l’on monte au plus haut de ses vignes – dont certaines affichent une pente de 35% – on voit à la fois le lac de Bienne et le lac de Neuchâtel. Quentin Divernois, qui a repris officiellement le domaine en 2020, a lui-même un pied dans chaque région, puisqu’il habite à Ins (Anet en français). Il préfère ça. Séparer le travail et la vie privée l’empêche de descendre à la cave en pleine nuit juste pour calmer une angoisse nocturne. Même s’il s’y sent bien, près de ses cuves, ses barriques et ses tronconiques, les derniers arrivés. Le jeune marié se concentre sur la vinification. La vigne, c’est l’affaire de son papa, Serge, 70 ans. Margaux, la cadette, possède le tiers de l’entreprise et s’occupe de la comptabilité un jour par semaine. Un vrai projet familial, dans lequel cette notion s’étend aux voisins et clients de longue date. «Pendant les caves ouvertes, raconte Quentin, un client est venu avec toute sa famille, jusqu'aux arrière-petits-enfants. Le patriarche m’a même reproché de ne pas lui avoir dit plus tôt que je m’étais marié en avril. Ça dit beaucoup de choses sur le lien avec notre clientèle.» Homme de contacts, le trentenaire préfère collaborer avec des connaissances de la région, quitte à en payer le prix. «Je ne dis pas qu’on ne prend pas de décisions basées sur les finances de temps en temps.» Ainsi, il a choisi une voie originale pour son chai à barriques. Il se fournit en chênes de Cornaux dans une forêt appartenant à des amis. Non sans devoir négocier avec le garde forestier, il sélectionne les plus beaux arbres qui sont ensuite confiés aux bons soins du jeune tonnelier Stefan Sobota, fondateur de la Küferei Hoch Drei, à Schwyz. «Au-delà du joli clin d’œil pour les produits suisses, j’apprécie le chêne de nos forêts. Il marque moins l’aromatique du vin.» Un critère très important pour cet amoureux du Pinot Noir, qui cherche à magnifier le fruit, sans l’écraser. L’avenir s’annonce chargé du côté de Cornaux: Quentin Divernois reprend la présidence de l’association «Jeunes Vignerons Suisses», à la suite d’Anne-Claire Schott. Encore une histoire de relations humaines et de collaborations. Mais surtout, le chantier va bientôt commencer afin de disposer d’une cave plus grande, dès la vendange 2025. Ces locaux flambant neufs abriteront le nouvel équipement acquis pour pouvoir réaliser la prise de mousse du vin en méthode traditionnelle sans devoir la déléguer à une entreprise externe. Avant cela, il faudra choyer le millésime 2024, dont une partie a malheureusement été touchée par le gel de printemps. «Je pense qu’on devra acheter du Chasselas, qui sera donc passé en vin de pays des trois-lacs. En ce qui concerne le Non-Filtré, par contre, c’est important qu’il porte l’appellation Neuchâtel!»

Nos coups de coeur

Instant Plaisir Blanc 2023

Le dernier arrivé au domaine complète la gamme «Instant Plaisir» rouge et rosé. Cet assemblage original est en fait un Blanc de Noirs pour moitié, puisqu’il est constitué à 50% de Pinot Noir, 45% de Chasselas et 5% de Pinot Blanc. Avec 11.2% Vol, c’est le «vin des copains», très digeste, avec tout de même de la vigueur, des arômes de pomme Granny Smith, une pointe de framboise due au Pinot Noir et des notes minérales.

Prix: 15 francs

Angelina & Quentin 2022

Quentin a élaboré cette cuvée en secret, spécialement pour son mariage. La démarche est intéressante, puisqu’il a assemblé son Pinot Noir vieilli en chêne de Cornaux avec le même cépage du domaine Baumgartner à Tegerfelden élevé dans du chêne argovien (clin d’œil aux origines d’Angelina). Une belle réussite marquée par la cerise noire un peu toastée, avec des tanins fondus et des accents boisés bien intégrés.

Prix: 29 francs

Douce Intrigue 2022

On n’en saura pas plus sur les cépages de cet assemblage, afin de préserver «l’intrigue». Avec ses sucres résiduels, ce vin est à consommer sans se poser de questions, juste pour le plaisir. Le nez évoque un léger cassis, accompagné d’une touche fumée de boîte à cigares. Au palais, l’onctuosité est bien intégrée grâce aux notes fruitées, boisées et à l’acidité. Une bonne alternative suisse à faire découvrir aux fans de Primitivo.

Prix: 29 francs

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