Cave Florian Besse, Martigny-Croix

Le domaine de Florian Besse est désormais celui de sa fille, Mélanie. La jeune femme fourmille d’idées et d’énergie pour perpétuer la tradition familiale et déjouer les aléas naturels, présents et futurs. Et ils sont nombreux.

Le quotidien de Mélanie Besse a été chamboulé par l'effondrement d'un pan de la montagne au-dessus du village de Plan-Cerisier, sur la commune de Martigny-Combe: «J’attends des nouvelles, je n’ai pas encore pu aller sur place, je ne sais même pas quand je pourrai retourner chez moi». Des rochers, certains gigantesques, ont traversé les vignes et les murs de pierres sèches, dévalant la pente avant de s’arrêter à quelques mètres des maisons, juste à côté du restaurant de Plan-Cerisier. «Un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessés, ou pire», souffle Florian Besse. L’histoire du domaine est intimement liée à ce restaurant, toujours propriété de la famille. C'est pour alimenter ce lieu inauguré en 1948 que Clément Besse se met à produire du vin. Les deux générations suivantes lui emboîtent le pas. Sur le panneau qui mène à la cave, adossée au coteau abrupt de Martigny-Combe, on lit encore «Rémy et Florian Besse», mais c’est bien Mélanie qui gère le domaine aujourd’hui. Garante d’une riche histoire familiale et régionale, la vigneronne est arrive sur l’exploitation il y a cinq ans. Le domaine est désormais labellisé Bio-Suisse, et Mélanie travaille même en biodynamie, parfois «aidée par Marie-Thérèse», dont on n’a plus besoin de mentionner le nom complet! Une évolution bien accueillie par Florian. C'est d'ailleurs lui qui a construit la boîte pour protéger la préparation 500, la fameuse bouse de corne, raconte-t-il, en souriant. Cela fait longtemps que les vignes sont travaillées dans le plus grand respect de la nature, explique Mélanie: «Les anciens ont toujours regardé l’almanach, les cycles lunaires. Sans le savoir, ils faisaient déjà en quelque sorte de la biodynamie». Sur ses 4,5 hectares, elle laisse les vignes enherbées et traite au drone, par souci de précision. «On travaille la vigne comme si c’était notre jardin», résume-t-elle. Sur le plus grand vignoble rive gauche exposé sud-est en Valais, la nature donne le ton. «Nos terres granitiques assurent une belle vivacité aux vins», détaille Mélanie qui perpétue le style familial en récoltant les raisins bien mûrs, soit lorsqu'ils atteignent entre 95 et 105 degrés Œchslé. En cave, elle recherche avant tout l’équilibre dans chaque vin. Les années, depuis son premier millésime en 2017, se suivent, mais se ressemblent rarement.

Le dernier en date, celui de 2022, a été «très capricieux en cave», raconte-t-elle. Aujourd’hui le domaine compte douze cépages – avec le dernier arrivé, le Divona – pour dixsept vins. Sans compter ceux que Mélanie produit sous son nom, un PetNat et des vins natures, d’autres voies explorées par l'infatigable vigneronne. Mais son énergie se porte dans l’immédiat sur la catastrophe qui vient de toucher le domaine. Avec, en premier lieu, la nécessité d’aller récupérer sa chatte, restée dans son mazot de Plan-Cerisier.