Pour l’amour du vin

Enfant, Lionel voulait devenir agriculteur. Dalila exerçait comme assistante de direction. Le destin et l’amour les ont réunis à la tête du domaine viticole familial de 5,5 ha. «J’ai rencontré Lionel en 2016. On a eu un coup de foudre», raconte timidement Dalila. «C’était un monde que je ne connaissais absolument pas.»

Pas intéressé par le travail dans la cave, Lionel suggère à Dalila de se lancer dans une reconversion professionnelle afin de le rejoindre sur le domaine. «J’ai fait un stage et j’ai dit Go! Feu! Départ! Je m’épanouis au contact de la clientèle et grâce à ce retour à la terre. Je me suis vraiment découvert une passion. Je suis très curieuse de toutes les méthodes de vinification, notamment en réduisant le SO2. Lionel m’a ouvert une porte que je n'aurais jamais envisagée sans lui.» «Tu vas dégueulasser mon local!» Quand Lionel revient de la vigne, Dalila le taquine gentiment. Chacun tient à son propre terrain de jeu. «On travaille ensemble sur le papier. Il est à la vigne. Je suis à la cave et au bureau. On ne se croise pas vraiment. Nous passons nos journées chacun de notre côté et nous nous retrouvons le soir, comme un couple lambda.» Jean-François Biolley a fondé la Cave de la Tour en 1990. D’agriculteur possédant quelques parcelles, il est devenu vigneron. Un métier passion qu’il a dû abandonner pour des raisons de santé en 2021. Il reste actif pour aider son fils et sa belle-fille, avec beaucoup d’ouverture. Les Biolley font partie des premiers producteurs de la région à miser sur les cépages résistants, aussi appelés PIWI. Lorsqu’il intègre le domaine, en 2008, Lionel lance le sujet de la reconversion en culture biologique. Une décision prise d’un commun accord. «Mon papa était attiré par la biodynamie. Issu de l’agriculture, il a toujours eu une profonde réflexion sur la gestion des sols. Nous l’avons fait pour nous. Nous en avions marre de traiter et de respirer des produits mauvais pour la santé. D’autant plus que mon papa détestait s’équiper pour aller à la vigne.» Ses questionnements sur les traitements poussent Lionel à s’approcher encore plus des PIWI: «Je pense que les cépages résistants représentent l’avenir de la viticulture en biodynamie.»

Le couple nuance quand même, conscient que le goût de la clientèle doit primer. «Ces variétés sont plus rustiques. Elles demandent plus d’attention et souvent un passage sous bois», résume Dalila. La Bête Noire, assemblage de Cabernet Noir, Cabernet Jura et Régent, est donc élevé durant douze mois en barriques de chêne américain, dont les notes vanillées apportent de la rondeur. Son nom, clin d’oeil au sanglier figurant sur l’étiquette, fait écho à une aromatique proche des plats de chasse. Mais quel dommage d’attendre l’automne pour déguster ce «best-seller» des Biolley!