Michelini i Mufatto, Bierzo, Espagne

Aujourd’hui, ils élaborent des vins exigeants, mais pas trop, harmonieux et pleins de caractère à partir de cépages régionaux typiques, tels que le Mencía, le Godello, le Palomino, le Merenzao, le Brancellao, le Garnacha Tintorera (soit l′Alicante Bouschet qu′on retrouve fréquemment au Portugal et en particulier dans l′Alentejo) et le Doña Blanca. Lors du choix des vignobles, ils attachent une importance particulière au potentiel des vieilles vignes, gages de vins fins et structurés. Si une partie des parcelles leur appartient, ils travaillent aussi en étroite collaboration avec les producteurs quileur fournissent le reste du raisin pour obtenir le niveau de qualité souhaité. Les vignes sont âgées de 80 à 100 ans. Les sols, riches en schiste et en argile, sont exploités à la main dans le respect des principes biologiques et biodynamiques. Les coteaux escarpés, orientés vers le nord, s’étendent tout autour de la ville pittoresque de Ponferrada, qui a pour emblème l’impressionnant château templier du MoyenÂge. Les vignes sont de plus en plus souvent exposées plein nord, un avantage au vu de la hausse des températures, afin de préserver la fraîcheur croquante des vins. Le climat frais constitue un atout capital pour produire des vins frais. Lors de l’élaboration des vins rouges, le couple ajoute un peu de raisin blanc pour accentuer cette fraîcheur. Mais à chaque règle son exception: A Merced, le vin de terroir de San Lorenzo, est composé exclusivement de cépages rouges (Mencia et Garnacha Tintorera). Les vins de la famille sont classés en trois catégories: les vins de domaine, dont le raisin provient de différentes parties de la DO Bierzo, à l’instar d’«En el Camino», issu de parcelles longeant le Camino di Santiago. Le raisin des vins de terroir ou vins de village, comme «A Merced », est issu d’une même zone de la Denominación de Origen, de San Lorenzo au sud de Ponferrada par exemple. Selon Andrea, c’est ce vin qui reflète le plus la typicité de Bierzo. Viennent enfin les sélections parcellaires, telles que «Encinado», composées des fruits d’une même parcelle de la DO. Les vignes, constituées en partie de parcelles anciennes tombées dans l’oubli qui ont été remises en activité, se trouvent à différentes altitudes jusqu’à 750 m.

«Nous faisons des vins qui reflètent l’âme de chaque terroir. C’est notre vision.»

Lors de la vinification, Andrea respecte la tradition: une partie du raisin est égrappée, tandis que le reste conserve ses rafles. Seules des levures indigènes sont utilisées pour la fermentation et l’élevage se déroule, selon le vin et la parcelle, dans de grands fûts et en amphores. Le choix de la contenance et de l’âge des fûts – deuxième ou troisième passage – joue un rôle clé pour Andrea, car il permet d’offrir à la matière première de qualité supérieure un vieillissement optimal. Les fûts utilisés sont triés sur le volet et proviennent de tonnelleries de renom. Chaque vin se voit accorder le temps et l’attention nécessaires pour développer un caractère riche et unique. Il arrive aussi qu’Andrea combine différents types d’élevage et qu’elle utilise à la fois des cuves en inox et des foudres, une méthode baptisée «Cuba». L’oenophile retrouve ainsi dans chaque verre l’expression de la région, l’âme du terroir. Toute la famille prête une grande attention aux détails lors de la vinification afin de satisfaire à cette exigence stricte. Son objectif consiste à créer des vins expressifs et structurés qui impressionnent moins par leur fruité que par leur élégance et leur caractère. La localité de Toral de Merayo abrite une bâtisse du XVIIIe siècle qui a été transformée en cave et renferme le domaine.

L’aventure continue

La famille Michelini i Mufatto ne s’arrête jamais. Manu, le fils, qui a accumulé de l’expérience en Bourgogne pendant ses études, s’est épris de la Rioja Alavesa lors de ses voyages dans le Bierzo ces dernières années. Dans le cadre de son projet «Dominio del Challao», il signe déjà ses propres vins dans le respect de la philosophie familiale.