C’est les vendanges !
Millésime 2022 : nos pronostics
Texte: Anick Goumaz | Publié: 07 septembre 2022
C’est les vendanges ! Les vigneronnes et vignerons suisses étaient impatients de pouvoir récolter ce millésime exceptionnel. Sur bien des points (chaleur et sécheresse), cette année rappelle 2003. Même s’il faut attendre quelque temps en cave afin de voir comment ce cru se présentera, les discussions vont bon train et lancent quelques pronostics.
Concentration
Avec la canicule, la sécheresse était vraiment la première préoccupation de cette année 2022, et pas seulement à la vigne. À l’heure où nous écrivons, le vigneron Jean-François Chevalley a enregistré 554 mm de pluie sur son domaine du Dézaley, à Lavaux, contre 298 mm sur le seul mois de juillet 2021. L’une des conséquences est un déficit d’eau dans les grains de raisin, qui affichent logiquement un taux de sucre plus élevé. Le glucose n’est pas le seul à se concentrer, les arômes aussi ! De bon augure pour les amateurs de vins capiteux.
Petit rendement
Qui dit moins d’eau dans les grains de raisin, dit aussi baies plus petites. Certains ceps qui ont vraiment souffert de la chaleur et de la sécheresse ont également beaucoup moins, voire pas du tout, produit de fruits. La récolte 2021 était historiquement basse à cause des maladies cryptogamiques dues aux pluies incessantes. Pour des raisons opposées, ce millésime pourtant très sain ne sera peut-être pas beaucoup plus abondant.
Et la maturité ?
En moyenne, la vendange a trois semaines d’avance. Cette précocité est due au taux de sucre déjà très élevé dans les raisins. Le moment de la récolte basé sur le sucre et l’acidité est appelé maturité technologique. Mais le viticulteur doit prendre en compte d’autres facteurs, tels que la maturité phénologique. Ce nom très scientifique a un impact sur la qualité des peaux et des pépins. Ces derniers ont-ils eu le temps de mûrir suffisamment pour éviter que le vin ait des notes trop végétales et des tanins trop puissants ? Nous le saurons à la dégustation. Pour cette raison, certains domaines viticoles ont fait le choix d’attendre encore une dizaine de jours avant de vendanger.
Et l’acidité ?
Comme dit précédemment, la maturité technologique concerne le taux de sucre, mais également l’acidité présente dans le raisin. Quand il mûrit, plus les sucres augmentent et plus l’acidité baisse. Or, la maturité idéale consiste à trouver l’équilibre entre les sucres et l’acidité, pour retrouver une belle balance dans les vins. Chargées en sucre, les baies ont-elles gardé une teneur suffisante en acidité ? Là aussi, la dégustation nous le dira.
Bonus : une « année des piscines » en 2023 ?
La récolte 1982 reste dans les annales en tant qu’« année des piscines ». Elle a été baptisée ainsi, parce que les vendanges étaient si abondantes que les vignerons n’avaient pas suffisamment de place dans les cuves et les fûts. En désespoir de cause, certains avaient rempli leur piscine ! Quelques experts comparent cette situation aux années que nous vivons actuellement. En effet, les millésimes qui ont précédé 1982 présentaient de petites récoltes. Les ceps de vignes avaient donc réagi l’année suivante par une surproduction. L’avenir nous dira si c’est bien ce qui nous attend en 2023 !