8e Grand Prix du Vin Suisse
Grande cuvée
Texte: Thomas Vaterlaus, Alexandre Truffer et Benjamin Herzog
2800 vins répartis dans douze catégories ont été présentés au Grand Prix du Vin Suisse 2014. Découvrez dans les pages suivantes le nom des lauréats et les surprises que vous a réservées le concours de cette année. Une chose est sûre: cette année, le plus grand canton viticole – le Valais – a toutes les raisons de se réjouir.
«CAVE DE L’ANNÉE»
Charles Bonvin SA - Sion VS
Tradition et succès
Charles Bonvin SA se définit comme la plus ancienne maison valaisanne de négoce et de production de vin encore en activité. Après plus de 150 ans d’existence, cette entreprise s’est vu décerner le titre envié de «Cave de l’année» 2014 par le jury du Grand Prix du Vin Suisse.
Charles-Marie Bonvin a fondé la société sous sa forme actuelle en 1858. A l’époque, la recette de sa réussite tenait déjà à la commercialisation suprarégionale de vins de qualité. L’entreprise a présenté ses crus à de nombreuses manifestations nationales et internationales et n’a pas tardé à récolter une large moisson de médailles et de prix. Son succès au Grand Prix du Vin Suisse 2014 le démontre encore une fois: cette pluie de récompenses n’est pas près de s’arrêter.
Du vin valaisan pour le marché international
André Darbellay, à la tête de l’entreprise depuis 1990, vend avec brio les vins Bonvin dans toute la Suisse, ainsi que dans d’autres pays, comme l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, le Canada, la Finlande et même aux Etats-Unis. L’entreprise produit plus de cinquante vins différents. Il est évident qu’un seul homme ne peut diriger une société aussi active et diversifiée sans une équipe expérimentée à ses côtés.
L’un des collaborateurs d’André Darbellay est bien connu en dehors de la scène viticole. Le sous-directeur, et collaborateur le plus emblématique de Charles Bonvin SA depuis 1997, n’est autre que l’ancien joueur de football professionnel Christophe Bonvin. Ce sportif a passé la majeure partie de sa carrière au FC Sion et a joué pour l’équipe nationale Suisse dans plus de 45 pays, de 1987 à 1996. L’engouement de Christophe Bonvin pour les vins de sa région se révèle contagieux et on se rend vite compte que ce sympathique Valaisan ne joue pas la comédie: ses parents possédaient des vignes et son grand-père était agriculteur. Le travail de la terre fait partie de la tradition familiale pour Christophe Bonvin.
La vingtaine d’hectares de vignobles de Charles Bonvin SA n’est pas divisée en petites parcelles comme c’est souvent le cas dans la région, mais organisée en grands domaines, à l’instar du Château Conthey, où les raisins servent à produire la cuvée éponyme à base de Chardonnay et de Sauvignon qui a mené l’entreprise à la récompense suprême au Grand Prix du Vin Suisse. La cuvée 1858 Blanc 2012, créée en l’honneur des fondateurs de l’entreprise, qui se compose de Petite Arvine, d’Heida et d’Amigne et l’Amigne de Vétroz 2013, un moelleux ayant su convaincre le jury par son harmonie entre sucre et acidité, ont tous deux été nominés. Les vins de Charles Bonvin SA sont élaborés par l’œnologue Thierry Delalay et son équipe. Ce professionnel compétent qui a réussi un si beau résultat d’ensemble fait aussi partie de la commission de dégustation de l’AOC du Valais.
«Cave de l’année»
Les critères pour la victoire
Comme ce sont les plus grandes exploitations qui ont obtenu ce titre suprême au Grand Prix du Vin Suisse par le passé, le titre 2014 de «Vigneron de l’année» a été rebaptisé «Cave de l’année». Les critères de sélection ont également été modifiés: pour prétendre au titre, les caves doivent présenter au moins cinq vins dans trois catégories. Le titre est remis à celle qui obtient le nombre le plus élevé de médailles (d’or et d’argent) par rapport au nombre de vins présentés, ainsi que le meilleur ratio de vins nominés par rapport au nombre de vins présentés.
Maurice Gay SA - Chamoson VS
Les spécialistes du Fendant
La guerre amicale à laquelle se livrent chaque année Vaudois et Valaisans pour prendre la tête de la catégorie Chasselas fait partie des aspects les plus passionnants du Grand Prix du Vin Suisse. Si l’an dernier, un cru vaudois d’Yvorne avait remporté la victoire, cette année le vainqueur est à nouveau un Fendant classique. A en croire les préjugés, le Chasselas vaudois serait plutôt léger et raffiné, tandis que le Fendant serait un peu plus ample. Le lauréat de ce Grand Prix du Vin Suisse, Les Mazots Fendant de Sion de Maurice Gay SA, se distingue, dans une certaine mesure, par sa capacité à réunir ces deux styles. Elevé dans des cuves en acier et vinifié avec talent, ce vin équilibré et léger allie au nez notes florales et minérales tout en offrant en bouche une ampleur moyenne avec un soupçon de gaz carbonique bien dosé. Il devient ainsi l’archétype d’un Fendant traditionnel bien réalisé. Jean Gay a, en 1883, posé la première pierre de l’entreprise. Son fils a ensuite fondé la société Maurice Gay SA en 1949. Reprise quelques décennies plus tard par le groupe Schenk, elle est aujourd’hui dirigée par Claude Crittin, qui vinifie les récoltes de 450 familles de vignerons. Vingt hectares de vignes en terrasses situés dans les meilleurs terroirs du Valais central constituent la colonne vertébrale de la société. L’exploitation a collectionné les récompenses ces dernières années, notamment à la Sélection Vins du Valais 2013 où elle a obtenu deux étoiles d’or.
www.mauricegay.ch
VAINQUEUR
Les Mazots Fendant de Sion 2013
Finesse, élégance et race, voici les qualités qui ont convaincu les jurés d’accorder le Prix Vinissimo à ce Fendant structuré. Belle robe jaune paille, nez délicat qui mêle notes florales et arômes de pierre chaude, bouche structurée mais équilibrée, petite pointe d’amertume tonique en finale composent une cuvée de grande qualité. 2014 à 2016
Weingut Lindenhof - Osterfingen SH
Pré carré alémanique
Il a fallu attendre le mois de mai dernier pour que le domaine de Lindenhof à Osterfingen ouvre son tout nouveau centre d’information et de dégustation. La sympathique exploitation du Klettgau va pouvoir parfaire sa décoration en ajoutant le trophée du Grand Prix du Vin Suisse 2014 récompensant sa victoire dans la catégorie Müller-Thurgau. Le jeune caviste passionné Thomas Meier élabore les vins du domaine Lindenhof. Avec l’aide de son collaborateur Adam Jendruszko, ainsi que de plusieurs saisonniers, il met pas moins d’une vingtaine de vins différents en bouteille. Au pays du Pinot Noir, Meier et son équipe ne cultivent pas seulement ce rouge d’origine bourguignonne et du Müller- Thurgau, ils font aussi pousser du Chardonnay, du Sauvignon Blanc, du Solaris, du Merlot et du Diolinoir. L’exploitation est un bel exemple de la nouvelle philosophie orientée vers la qualité qui anime la région de Schaffhouse. De plus, elle mise sur une production respectueuse de l’environnement. Heidi Steiner Richli, la maîtresse de maison, fait tout pour ravir ses convives, y compris en cuisine. Comme le veut la coutume dans la région, le domaine Lindenhof ne se contente pas de produire du vin. En effet, outre des dégustations, il propose des repas, concoctés par l’équipe soudée de cette entreprise familiale. Une chance que le domaine offre une grande sélection de crus gastronomiques, plus qu’il n’en faut pour accompagner un repas, même copieux. Le vin lauréat, un cru légèrement moelleux, très puissant et à la structure très prononcée pour un Müller-Thurgau, est de ceux-là.
www.weingut-lindenhof.ch
Dimitri Engel Vins - Saint-Blaise NE
Joli clin d’oeil
Dimitri Engel cultive un peu moins de cinq hectares sur les contreforts du Jura. Revendiquant «qualité, originalité et esprit précurseur», ce producteur de Saint- Blaise possède une certaine habitude des podiums, et de leur première marche. En 2011, son Les Plantées 2009 remporte la catégorie «Chasselas sec international» de la Gutedel Cup organisée à Badenweiler, au sud de l’Allemagne. L’année suivante, le Mondial du Chasselas s’installe à Aigle, mais notre vigneron ne quitte pas son perchoir et s’adjuge la première place de la catégorie «Vinification spéciale». La victoire couronne son effervescent l’Espiègle, une méthode traditionnelle élevée neuf mois sur lattes. En 2014, le cépage a changé, le concours aussi et la catégorie a été très disputée puisque cinq cantons pouvaient prétendre au titre. Pourtant le classement ne varie pas: premier encore une fois! Vigneron passionné et compétent, Dimitri Engel apparaît aussi comme un entrepreneur avisé. Issu d’une famille qui travaille la vigne dans le canton de Neuchâtel depuis le 19e siècle, notre lauréat a transformé la ferme ancestrale en 2001. Aidé de son père René, il a créé une cuverie moderne et un lieu d’accueil élégant. Ce lounge branché décoré par Andrea, sa femme, joue un rôle important dans la vie du domaine. Disposant d’un espace pour les enfants, le caveau accueille tous les vendredis des soirées gourmandes baptisées «Le vin autrement» et se transforme régulièrement en galerie d’art.
www.dimitriengelvins.ch
Uvavins – Cave de la Côte - Tolochenaz VD
Pétillante coopérative
La coopérative Uvavins est la preuve que quantité peut aussi rimer avec vin de qualité. Et même d’excellente qualité! Forte de quelque 320 membres, qui exploitent 415 hectares de vignes, la coopérative vaudoise fait partie des plus grands producteurs de vin du pays, et aussi des entreprises les plus titrées du Grand Prix du Vin Suisse. Le directeur Thierry Walz et l’œnologue Rodrigo Banto semblent avoir trouvé les mots justes pour enjoindre les membres à ne leur apporter que le meilleur raisin année après année. Leur gestion moderne et minutieuse, adaptée aux spécificités de chaque parcelle et aux compétences des vignerons leur permet de se transcender une fois encore. Les collaborateurs de la cave sont déjà montés plusieurs fois sur la scène du Grand Prix du Vin Suisse. Ils avaient brillé à l’époque avec leur rosé. Cette fois c’est leur vin effervescent qui leur a permis d’accéder à la première marche. Le nom de ce vin, Auguste Chevalley n’est d’ailleurs pas une invention fantaisiste, mais un hommage à une célébrité du vin vaudois. L’entreprise familiale de l’entrepreneur Auguste Chevalley – des Caves Chevalley SA – appartient depuis 2000, tout comme les droits sur l’ensemble des marques, au groupe Uvavins. Cet effervescent a été créé en hommage à l’ancien patron de l’exploitation. Composé exclusivement de Chardonnay, il séduit par son aromatique envoûtante de fruits frais et de fleurs délicates, mais aussi par son prix (moins de 14 francs).
www.uvavins.com
VAINQUEUR
Cuvée Auguste Chevalley
Après aération, cet effervescent à la robe jaune claire dévoile fruits blancs et agrumes. En bouche, la poire et le pamplemousse s’appuient sur une bulle précise. Ce vin de caractère doté d’une vivacité citronnée et d’une sucrosité soyeuse mêle matière et fraîcheur. 2014 à 2016
Adrian et Diego Mathier, Nouveau Salquenen SA - Salquenen VS
Encore une victoire!
Diego Mathier a déjà une belle collection de trophées du Grand Prix. Ce vigneron valaisan d’exception s’est déjà illustré dans diverses catégories et a été élu «Vigneron de l’année» en 2007 et 2011. Lors de cette édition, il s’est distingué dans la catégorie des assemblages blancs. Il avait déjà remporté le même prix en 2011... avec le même vin! La Cuvée Rosmarie Mathier, un assemblage de Petite Arvine, de Pinot Blanc, de Pinot Gris et de Silvaner, porte ce nom en hommage à la mère de Diego. Vu de l’extérieur, Diego Mathier enchaîne les réussites professionnelles. Si son exploitation viticole lui permet évidemment de briller lors de diverses compétitions, sa famille occupe une place encore plus grande dans sa vie comme le montrent les étiquettes de ses vins. Avec sa femme Nadia, qui lui a donné cinq filles, il forme la quatrième génération à la tête de l’entreprise. Pourtant, 2014 n’a pas été une année de tout repos pour ce prodige et pas seulement d’un point de vue météorologique. En effet, Diego Mathier a été accusé d’encavage illégal et d’utilisation de fausse appellation d’origine lors de sa participation en juin à l’émission télévisée alémanique «Rundschau». Réfléchi et pondéré, ce professionnel reconnu s’en est défendu avec vigueur. Peu de temps après, la commission suisse du contrôle des vins et les services valaisans compétents ont confirmé que son entreprise était en règle. Cette heureuse conclusion a évidemment soulagé Diego Mathier et sa famille, mais a aussi fait plaisir aux amateurs de vin.
www.mathier.com
VAINQUEUR
Cuvée Madame Rosmarie Mathier 2013
La robe brille de mille feux, tout comme le nez qui marie les agrumes, la reine-claude, le miel d’acacia. La bouche riche et volumineuse réussit l’équilibre entre puissance, race, longueur et richesse aromatique. Belle finale généreuse et onctueuse. 2014 à 2019.
Cave Ardévaz SA - Chamoson VS
Toujours au top
Chamoson, dont le vignoble occupe en grande partie un cône de déjection au pied des Alpes, fait partie des meilleurs terroirs valaisans. La Cave Ardévaz nous en donne la preuve avec son impressionnant assortiment de très grands crus. Le charismatique vigneron, Michel Boven, avait transformé l’exploitation de quinze hectares en un domaine phare. Son décès prématuré en 2010, à l’âge de 53 ans, a été un choc pour toute la scène viticole suisse. Depuis, sa femme Rachel, soutenue par ses quatre enfants (dont deux ayant un diplôme en viticulture) et l’œnologue Rodolphe Roux, dirigent le domaine avec le même souci de la qualité. La nouvelle cave, élégante et moderne, ainsi que les étiquettes épurées montrent que le domaine cherche la précision et la qualité en priorité. La catégorie du Grand Prix dédiée aux cépages blancs autres que Chasselas et Müller-Thurgau est en proie à une concurrence acharnée entre les cépages auctochtones, comme la Petite Arvine, l’Heida ou le Räuschling, et les variétés internationales, telles que le Chardonnay, le Sauvignon Blanc ou le Viognier. La Cave Ardévaz a obtenu la meilleure note avec son Johannisberg, preuve s’il en est de la qualité du jury. Ce millésime 2013 présente un magnifique équilibre, une aromatique mûre complexe mêlant des fruits exotiques, comme l’ananas, le litchi ou le melon, et des notes de baies épicées et de tourbe. Ce vin ample en bouche possède une structure dense et offre une belle note d’amande amère en finale. Un parfait vin de gastronomie, à déguster avec du fromage ou une fricassée de bolets.
www.boven.ch
VAINQUEUR
Johannisberg 2013
Puissance, équilibre et typicité constituent une trinité savoureuse. Nous avons aimé la robe dorée, le nez expressif qui mêle fruits jaunes, pointe de champignon frais et d’amande amère, ainsi que la bouche puissante mais fraîche. Longueur et densité répondent aussi présentes, tout comme la petite amertume finale. 2014 à 2018.
Vin d’oeuvre, Isabella et Stéphane Kellenberger - Loèche-Ville VS
Chef-d’œuvre
Créé en 2013 par un couple, à la ville comme à la vigne, de jeunes Bernois qui se sont rencontrés à Changins, le domaine Vin d’œuvre est la révélation de l’année. Et le chouchou de VINUM. En mars 2014, ils sont la découverte de l’édition française. Six mois plus tard, ils côtoient Electus, Tsampéhro, Histoire d’Enfer et Alexandre Delétraz dans le dossier réalisé par la rédaction alémanique. Enfin n’oublions pas que love never dies, leur Syrah 2012, a pris la meilleure place de la dégustation Nouveautés 2014 (édition française octobre/novembre). Outre leurs diverses apparitions dans votre magazine préféré, Isabella et Stéphane ont eu le temps de devenir parents, de gérer un domaine à Loèche et de gagner la catégorie Gamay avec leur to die for 2013, qui s’adjuge aussi le Prix Vinissimo Rouge décerné au plus pointage du concours. Leur victoire dans cette catégorie spécifique revêt une symbolique particulière. Au niveau personnel d’abord puisque le couple a acheté mille mètres de Gamay à Fully en 2009, dont ils s’occupaient les week-ends puisque vivant à l’époque dans leur Berne natale. Cette parcelle isolée, travaillée de manière pendulaire, a été l’un des moteurs de leur installation en Valais. A un niveau plus général, le fait que le rouge le mieux noté du GPVS 2014 soit un Gamay démontre l’évolution de ce cépage passé de rouge fluet invendable à spécialité sapide et tendance.
www.vindoeuvre.ch
VAINQUEUR
to die for Gamay 2013
Nous avons été charmés par sa robe violette très dense, son nez expressif et complexe où se perçoivent la cerise noire, le pruneau, le cuir mais aussi la gouache, ainsi que par sa bouche concentrée, son jus croquant et sa longue finale très fruitée. 2014 à 2017.
Pinot Rhein - Fläsch, Zizers, Maienfeld, Malans GR
L’union fait la force!
Le Pinot Rhein n’en est pas à son coup d’essai au Grand Prix du Vin Suisse: lors de l’édition 2011, le vin créé par cinq vignerons grisons avait manqué de peu la première place, tandis que les millésimes 2010 et 2011 avaient décroché deux médailles d’or en 2013. Aujourd’hui ce regroupement de vignerons passionés peut célébrer sa victoire: le Pinot Rhein 2011 est le meilleur Pinot Noir du Grand Prix du Vin Suisse 2014. Les vignerons Hansruedi Adank, Marco Casanova de Cicero Weinbau, Hanspeter Lampert, ainsi que Jürg et Ueli Liesch se sont réunis il y a quelques années dans l’idée de déguster ensemble leurs vins, d’en discuter, de les comparer et de les faire progresser. Ils se sont ensuite demandé quel type de vin verrait le jour s’ils unissaient leurs forces. Cette idée s’est concrétisée en 2006: chacun d’eux a apporté ses meilleures barriques et, ensemble, ils ont assemblé le premier Pinot Rhein. Pour ce faire, les amis se sont imposés des règles strictes: à l’instar des meilleurs Bourgognes, le rendement a été fixé à seulement 3,5 décilitres par mètre carré. Le Pinot Rhein passe douze mois dans des barriques d’un an et, hormis la part de soufre nécessaire, il ne contient rien d’autre que du Pinot Noir. Le lauréat créé en 2011 est né sous une étoile bien particulière: ce millésime a été une grande année dans la vallée du Rhin, malheureusement le vin a été très rare. Seules quatre barriques de ce cru spécial sont disponibles, ce qui représente tout de même 1 200 bouteilles.
www.pinotrhein.ch
VAINQUEUR
Pinot Rhein 2011
Le nez mêle des fruits rouges mûrs, de la cerise, du géranium, de la mûre et du clou de girofle. La bouche débute par une attaque fraîche. Les tanins fins, la matière soyeuse et la finale persistante sont autant d’atouts de ce cru élégant. 2014 à 2024.
Cave Gilbert Devayes - Leytron VS
Humagne mania
La révolution est en marche en Romandie: une Humagne Rouge (vaudoise) avait déjà remporté la première place dans cette catégorie l’an dernier. Cette fois, c’est une Humagne valaisanne qui a gagné. Il y a encore dix ans, personne ou presque n’aurait imaginé que ce cépage difficile à maîtriser soit un jour capable de l’emporter face à tous les Syrah et Cornalin, mais aussi face à des Gamaret et des Cabernet lors de grandes dégustations comme le Grand Prix du Vin Suisse. Pourtant l’Humagne ne doit pas sa réussite au hasard. Forts de l’expérience qu’ils ont accumulée, les meilleurs vignerons valaisans se sont chacun forgés leur propre philosophie pour tirer le meilleur parti du cépage. Gilbert Devayes est un homme dont l’imposante stature contraste avec la discrétion. Depuis qu’il a repris l’exploitation de son père en 1981, il n’a de cesse de peaufiner ses crus dans sa grande bâtisse du 17e siècle dotée d’une impressionnante cave voûtée. Ce professionnel minutieux porte moins son attention sur les assemblages, que sur la manière de restituer le caractère de chaque cépage en bouteille. Une mission qu’il a parfaitement accomplie avec l’Humagne Rouge de Leytron 2012 réputé «plus facile» (il élève aussi une Humagne Rouge Vieilles Vignes Élevée en Barrique). Ce vin lauréat laisse transparaître le tempérament affirmé typique du cépage, mais sous une forme noble et raffinée. Il ravit aussi au nez avec ses notes expressives de violette, de mûre et d’encens.
www.gilbertdevayes.ch
VAINQUEUR
Humagne Rouge de Leytron 2012
Robe rubis d’une teinte plutôt dense, nez expressif où cohabitent la violette, la fraise des bois, l’encens, le raisinet et la mûre, bouche intense et fraîche dans laquelle explose une aromatique très fruitée, finale persistante et rectiligne composent un rouge élégant et frais qui a su charmer nos jurés. 2014 à2018.
Domaine La Combaz, Emile Blum - Ollon VD
Petit mais costaud
Le mot assemblage implique souvent des entreprises de grande taille, dotées d’une armée d’œnologues, spécialisés dans les rouges tanniques et imposants, puisant dans un parc de barriques imposant qui permette de sélectionner la crème de la crème. En clair, un défi difficile à relever pour une petite entité artisanale. Quand on sait que le Domaine de la Combaz travaille 3,5 hectares de vignes situées aux alentours de la maison familiale, on mesure l’exploit d’Emile Blum. Pour mieux connaître le producteur du meilleur assemblage rouge du Grand Prix 2014, naviguer sur internet ne vous sera pas d’un grand secours. A peine découvrirez- vous que Puissance cinq 2012 contient cinq cépages, ce que vous aviez peut-être deviné tout seul. Toutefois, si vous lui rendez visite dans sa cave à flanc de coteaux au cœur du vignoble d’Ollon, la rencontre ne commencera pas par un verre de son assemblage de Gamaret, Garanoir, Ancellotta, Cabernet Franc et Pinot Noir. Non, après une petite balade dans le vignoble vous aurez droit à un verre de Chasselas, cépage roi de cette commune du Chablais vaudois un peu éclipsée par ses voisins, Yvorne et Aigle. Une fois votre palais prêt à la dégustation, le chaleureux producteur vous emmènera à la découverte des spécialités cultivées à mi-chemin entre le Léman et les Alpes. Viognier, Pinot Noir élevé en fût de chêne et Puissance Cinq seront alors au menu. Vous pourrez alors découvrir ce vin harmonieux qui a remporté l’une des catégories les plus disputées du Grand Prix du Vin Suisse. La visite se clôturera sur un Chasselas minéral et frais, conclusion incontournable des dégustations au Domaine de la Combaz.
VAINQUEUR
Puissance Cinq 2012
Droit dans ses bottes et harmonieux, ce cru présente une robe dense et profonde, un nez expressif de fruits noirs, d’épices et de tabac, une bouche ample dotée de tanins fermes qui se termine par une finale épicée. 2014 à 2019.
Frédéric Dumoulin SA - Uvrier VS
Une pépite de Merlot
Avec la Petite Arvine 2013, l’Or Rose 2013, un rosé d’assemblage, et l’Or Noir 2012 (assemblage de Merlot, Cabernet et Syrah), le Merlot 2013 de Frédéric Dumoulin est l’un des quatre vins du domaine à avoir remporté une médaille d’or lors du Grand Prix du Vin Suisse. Une belle moisson pour celui qui a nommé son domaine, l’Orpailleur, lors de sa création en 1999. Quinze ans plus tard, ce vigneron qui a déclaré dans une interview «avoir attrapé le virus de la vigne à Changins» se voit toujours comme un chercheur de pépites viticoles, même si de nombreux amateurs considèrent que le terme de créateur décrirait mieux ce vigneron expansif. Frédéric Dumoulin a non seulement mis sur pied une gamme de spécialités conséquente, mais a aussi développé des assemblages originaux au fil des années. En 2014, il a ainsi commercialisé deux nouvelles cuvées issues du vignoble familial: le Clos de la Grandinaz Blanc (Fendant, Johannisberg et une touche de Petite Arvine élevée en barrique) et le Clos de la Grandinaz Rouge (Pinot Noir, Syrah et Merlot élevés en fûts de 500 litres). Cette ligne haut de gamme que l’on a pu découvrir dans l’édition précédente de VINUM complète l’aventure La Sellerie du vin qui entend proposer des vins de qualité dans des bag-in-box à l’apparence soignée. Réserver la bouteille aux vins premiums et créer des emballages éco-chic pour des crus de milieu de gamme typiques du Valais constitue l’un de ces paris risqués qu’affectionne cet encaveur à la fibre entrepreneuriale affirmée. En attendant de voir s’il va le gagner, il peut se rassurer avec son «classique» Merlot, ce vin puissant et souple, juteux et concentré, assuré lui de faire un tabac auprès des consommateurs après avoir séduit les jurés du Grand Prix du Vin Suisse.
www.orpailleur.ch
VAINQUEUR
Merlot L’Orpailleur 2013
Puissant et souple, ce Merlot dévoile une robe violine dense et un nez expressif de pruneau, de mûre, de cerise et d’épices. L’attaque puissante, les tanins bien fondus, la matière juteuse composent une bouche concentrée qui se termine sur une finale dans laquelle s’équilibrent fruits noirs et café. 2014 à 2018.
Les Celliers de Vétroz - Vétroz VS
Douce Amigne
Comment et sous quelle forme est-il possible de conserver les innombrables petites exploitations du plus grand vignoble de Suisse? L’avenir de la filière viticole valaisanne dépend de cette question. La famille Fontannaz à Vétroz a trouvé une réponse intéressante. Jean et Yvette Fontannaz ont dirigé ce domaine d’à peine trois hectares pendant des décennies. Arrivés à l’âge de la retraite en 2003, ils avaient beau avoir cinq enfants intéressés par le vin, aucun d’eux ne voulait abandonner son métier. Ils ont donc fondé ensemble la société anonyme Les Celliers de Vétroz. Les cinq enfants la dirigent, tandis qu’un vigneron a été recruté pour s’occuper des vignes et que toute la vinification a été externalisée. Le succès de leur vin lors du concours est la preuve que ce modèle fonctionne. Le vainqueur de la catégorie Vins doux est en effet une Amigne Grand Cru de Vétroz classique. A l’image du Riesling en Allemagne ou du Chenin Blanc dans la Loire, cette spécialité à maturité tardive qu’est l’Amigne dévoile tout son potentiel qualitatif lorsqu’elle est élevée avec du sucre résiduel. Le millésime 2013 de l’Amigne Grand Cru de Vétroz réalisé par Les Celliers de Vétroz envoûte par ses arômes de pamplemousse, de fines herbes et de fleurs blanches. En bouche, ce cru équilibré présente de multiples facettes et paraît curieusement sec, le sucre discret ayant tendance à ne transparaître qu’en filigrane. Cela en fait un compagnon de table idéal, qui s’accordera très bien avec des plats asiatiques.
www.celliersdevetroz.ch
VAINQUEUR
AMIGNE GRAND CRU DE VÉTROZ 2013
Cette Amigne présente une robe jaune claire, un nez délicat où se mêlent notes florales,
fleurs de tilleul, mandarine et miel d’acacia. L’attaque fraîche et la finale soyeuse encadrent une bouche riche portée par une belle vivacité dotée d’une sucrosité à peine perceptible. 2014 à 2020.
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