Expert en vins anciens
Entretien avec Dominique Fornage
Photo: Christian Miralles
L’expertise de Dominique Fornage est reconnue bien au-delà du vignoble valaisan. Nous avons donc demandé à cet épicurien, consultant pour la maison Baghera Wines, qui fréquente les ventes aux enchères depuis plusieurs décennies comment aborder ce monde un peu intimidant pour les profanes.
Que faut-il savoir sur les ventes aux enchères de vin?
Tout d’abord, seul un petit nombre de vins côtés se vendent aux enchères. Pour les grands Bordeaux, Bourgogne, Champagne et les vins italiens connus que l’on peut retrouver chez beaucoup de négociants, le marché est équilibré. Les vins se vendent à des prix raisonnables. Par contre, lorsque l’on rentre dans la catégorie des mythes, nous sommes face à une inflation des prix dont il est impossible de savoir où elle va s’arrêter. Ces hausses touchent plus la Bourgogne que Bordeaux à cause des quantités disponibles, beaucoup plus faibles dans un petit domaine bourguignon de quelques hectares que dans un château bordelais.
Les records de prix des grands vins vont donc continuer à être battus?
Étant donné qu’il y a de plus en plus de gens très riches dans le monde et que ces gens finissent immanquablement par s’intéresser au vin, qui est l’une des composantes d’un art de vivre privilégié, on peut estimer que les noms les plus célèbres, qui sont les premiers sur lesquels tombent ces personnes nouvellement fortunées, ne connaîtront pas la crise.
Le millésime a-t-il une influence sur le prix?
Oui, entre autres lorsque des critiques mettent des notes très élevées. Il y a peu, un critique a mis 100 points sur 100 à un Sassicaia 2016. Le prix a très vite fortement augmenté, puis la hausse s’est reportée sur les autres millésimes.
Où peut-on faire de bonnes affaires?
Les Sauternes et les vins doux sont actuellement peu prisés par les consommateurs, ce qui permet d’acheter de grands vins pour des prix très raisonnables. Ensuite, l’acheteur qui cherche des vins à consommer ne doit pas regarder les ventes exclusives, mais plutôt celles où (à l’image de Steinfels Weine à Zurich) l’on trouve aussi bien des grands vins que des bouteilles pour quelques francs – et s’intéresser aux sites tels que Ricardo ou Ebay, des mines de bonnes affaires.
Et qu’en est-il des vins suisses?
Quelques producteurs grisons et tessinois commencent à avoir une cote stable. Le Domaine Gantenbein est sans doute le vin suisse qui se vend le mieux. Et même les stars romandes comme Marie-Thérèse Chappaz ou Denis Mercier ne joue pas dans la même ligue. En clair, si vous avez une cave emplie de vins valaisans ou vaudois, mieux vaut les boire!