Guide Sauvignon Blanc: bien plus qu’un vin d’été

Évocation d’herbes coupées, de fleurs blanches et de fruits exotiques, le Sauvignon suscite une envie de farniente, de vacances et de soleil. Mais qu’on ne s’y laisse pas prendre. Ce cépage se révèle bien plus intéressant. En fonction des terroirs et de la vinification, il montre beaucoup de complexité. Soutenu par une belle trame acide, il peut être ample, corsé et gras, et montrer - en plus de ces arômes «verts» - des notes fumées, de l’élégance et du racé. Vinifié en vin sec, on l’aime jeune, car le Sauvignon est un cépage vite touché par les arômes tertiaires. Cependant, un élevage sous-bois lui assure une garde plus longue et savoureuse. Originaire du Val de Loire, il est aujourd’hui l’un des cépages les plus plantés au monde et les amateurs des quatre coins de la planète s’en délectent. Pour la petite histoire, la première mention écrite du Sauvignon remonte à 1534, sous le synonyme ancien de Fiers. Le texte en question est de François Rabelais (chapitre 25 de Gargantua), ce qui nous conforte dans l’idée de l’inviter sur nos tables, d’un apéro jusqu’au dessert, même si pour cette dégustation, seuls les vins secs étaient admis.

Le Sauvignon Blanc occupe aujourd’hui près de 204 hectares en Suisse, dont 39 à Genève, 23 en Valais et 19 dans le canton de Vaud, le reste se répartissant entre les cantons de Neuchâtel et Fribourg. Relevons que le Tessin, avec ses 19 hectares, est un producteur conséquent de Sauvignon helvétique.

En Suisse, bien qu’on le dise de précocité moyenne, très vigoureux et sensible à la pourriture grise, sa progression est constante. De 72,6 hectares en 2002, sa surface frôle les 204 hectares en 2020. Avec le changement climatique, cette progression pourrait marquer le pas, car ce cépage se plaît surtout dans des climats frais dotés d’une forte amplitude thermique.

«Elevé sous bois, le Sauvignon Blanc offre des vins d’une certaine complexité.»

France Massy journaliste spécialisée

La dégustation étant réservée aux vins secs issus de Sauvignon Blanc, nous avons surtout découvert des crus aux arômes juvéniles et frais: bourgeon de cassis, buis, agrumes, rhubarbe, melon, fruit de la passion, mangue, groseille à maquereau... D’un point de vue général, c’est en les consommant sur la jeunesse qu’on profite au maximum de ces parfums variétaux typiques. Dès que le Sauvignon Blanc est élevé sous-bois, on obtient des vins d’une certaine complexité, mieux adaptés à la gastronomie et à la garde. Version cuve, notre palais plonge dans l’immédiateté d’un joyeux plaisir, d’un jus gouleyant, compagnon d’apéro, de plats légers (poissons, huîtres, crustacés) ou de fromages de chèvre. Ce qui est assez excitant par ailleurs. On les aime servis frais, quitte à perdre un peu le premier nez qui s’exprimera pleinement après quelques minutes. Globalement, ce fut une belle dégustation. Avec une majorité de vins notés entre 15,5 et 16, le niveau des Sauvignon Blanc romands est très satisfaisant. Le terroir genevois semble particulièrement bien convenir à cette variété aromatique. Les crus dégustés de cette région étaient, la plupart du temps, plus chargés en thiol, ces molécules soufrées présentes dans les raisins et les moûts, qui contribuent au profil variétal d’un vin. Sans doute que l’expérience et le savoir-faire des vignerons du bout du lac, qui le travaillent depuis 40 ans, ont joué un rôle important dans notre classement. Les frères Hutin, Jean et Pierre, furent les premiers à miser sur le Sauvignon Blanc en 1982. Ce n’est pas un hasard si la Mémoire des Vins Suisses a, il y a quelques années déjà, sélectionné leur vin – vinifié par la fille de Jean, Emilienne Hutin Zumbach – comme l’archétype du Sauvignon Blanc de qualité de Suisse romande.

Tous les producteurs de Suisse romande ont été invités à présenter un vin blanc sec à base de Sauvignon Blanc. Le millésime n’était pas imposé, mais les vins devaient être disponibles à la vente. Retrouvez tous les pointages sur: www.vinum.eu Mot-lé: Sauvignon Blanc FR