Arc-en-ciel de saveurs originales
Nouveautés 2021: une offre toujours renouvelée
Dégustation et texte: Alexandre Truffer
Année après année, le guide des «Nouveautés», des vins qui n’existaient pas et qui ont été mis sur le marché durant les douze derniers mois, permet d’esquisser des conclusions sur le marché viticole romand. Cette année ne fait pas exception. Le nombre de vins présentés, un peu moins de septante, se révèle un peu inférieur à celui des années précédentes. Dans le contexte économique compliqué que connaît la viticulture, cette baisse n’a rien d’étonnant, ni d’inquiétant. Si aucun cépage, ou aucun type de vin (pas même les vins oranges ou les vins natures qui, à l’image des vins doux et des effervescents, semblent s’être intégrés dans les gammes des vignerons pour venir répondre à une demande minoritaire, mais existante) ne domine la dégustation, on notera la montée en puissance des vignerons certifiés en bio ou en biodynamie.
Alors qu’il ne totalisaient que cinq à six pour cent des vins inscrits il y a encore deux ans, ce sont aujourd’hui près d’un quart des échantillons qui affichent au moins le label «en reconversion». L’autre conclusion de ce guide est la montée en force de certaines marques qui, après avoir longtemps capitalisé sur un vin très spécifique (L’Aigle Les Murailles de Badoux, le Pinot Noir La Licorne de Bolle ou le Baccarat de la Cave de Genève), se mettent à décliner dans des versions de toutes les couleurs ces noms connus et appréciés du grand public. Le foisonnement de références des grands négoces a souvent été considéré comme l’une des causes de la faible reconnaissance du vin suisse aussi bien dans ses terres qu’à l’étranger. Il semble que les grandes maisons, menées par le Groupe Schenk (qui, après des décennies de discrétion presque obsessionnelle, semble se réjouir de faire les unes de la presse romande), ont décidé de changer leur fusil d’épaule pour concentrer leurs efforts sur des marques fortes et clairement identifiables par le consommateur.