Un nouveau paradigme blanc
Assemblages festifs: le guide des blancs secs, doux ou effervescents
Dégustation et texte: Alexandre Truffer
S’il a toujours connu des mutations, le vignoble helvétique s’est particulièrement transformé depuis une quarantaine d’années. Des cépages traditionnels comme le Chasselas, le Gamay ou le Silvaner ont vu leurs surfaces diminuer fortement pour faire place à une pléthore de spécialités. Certaines variétés indigènes ont été tirées de l’oubli tandis que des standards de la viticulture internationale, comme le Chardonnay, le Viognier ou le Sauvignon Blanc, ont fait leur apparition sur des parchets où ils n’avaient jamais été cultivés.
Aujourd’hui, les temps des expérimentations semble révolu. Les producteurs ont compris quels cépages ont un potentiel et une renommée suffisants pour être vendus sous leur propre nom. Quant aux autres, la solution est claire: mieux vaut les utiliser en assemblage. Cette situation explique que la majorité des cuvées dégustées ci-après intègrent du Pinot Gris, du Pinot Blanc ou du Chardonnay, trois variétés dont la réputation au niveau international n’est plus à faire, mais qui n’ont plus vraiment la cote auprès des amateurs de vins suisses. Si, pour certains puristes, l’assemblage passe parfois pour un cache-misère, il faut reconnaître la qualité moyenne très élevée des cuvées présentées, et ce quel que soit le canton d’origine des vins.
La maîtrise de la barrique, qui souligne et amplifie, plutôt qu’elle ne masque ou ne domine, doit particulièrement être relevée. Ce constat, réjouissant dans les vins secs, peut aussi être fait pour les vins doux et les effervescents, même si le nombre d’échantillons reçus était relativement restreint. «Assemblages festifs» semble donc, après coup, être un titre relativement heureux. Les meilleures de ces cuvées, qui se distinguent par leur complexité et une remarquable fraîcheur, ont en effet toute leur place sur les tables de fêtes que nous espérons tous pouvoir partager sans restriction sanitaire